Transmetteur télégraphique d'alertes TAL6
Provenant des surplus de l'armée Française, c'est un appareil bien particulier que je vous propose de découvrir :
Il s'agit du transmetteur télégraphique d'alertes type TAL-6 fabriqué dès 1958 par la société "L'électronique appliquée" à Montrouge :
Mais revenons au début de l'histoire :
Pendant la guerre d'Algérie, l'armée Française avait pour mission (entre autres) de protéger les fermes isolées au milieu du "Bled" des attaques des fellaghas.
La construction de cet appareil par la société "L'électronique Appliquée" à Montrouge devait permettre ainsi de déclencher une alerte en cas d'attaque.
Comment ça fonctionne ?
Le dispositif est en deux parties :
D'un côté l'émetteur avec son boîtier d'alimentation type "TAL-6".
De l'autre, le récepteur d'alertes type "AAL-6" destiné à recevoir, identifier et imprimer l'alerte sur un ruban de papier.
Cet ensemble a été utilisé durant la guerre d'Algérie et par la suite est tombé dans l'oubli.
Dès 1970 on le trouvait en vente chez les marchands de matériels de surplus : "Cirque-Radio", "LAG" et bien d'autres…
Une page du catalogue "Cirque-radio" de 1972 :
Si l'émetteur se trouve encore (certains radio-amateurs l'ont transformé, comme on le verra plus loin, en émetteur graphie) le récepteur est particulièrement rare, car il présente peu d'intérêt pour une reconversion, je n'en ai même pas pu trouver une photo !
L'ensemble émetteur est composé de deux boites en tôle robuste avec des pattes de fixation au mur et fermées avec des clips à ressorts (type grenouillères)
L'une est l'alimentation faite ici avec des piles (haute tension et basse tension) , n'oublions pas que les fermes en question souvent perdues au milieu du désert n'avaient pas l'électricité.
L'autre, c'est l'émetteur radio à deux tubes 3A5 et EL84 couplé à un système électromécanique destiné à transmettre de manière automatique un code morse à 3 lettres :
C'est l'identification de l'émetteur qui permettra de savoir, à la réception, quel emplacement a déclenché l'alarme et prendre alors les mesures nécessaires.Les deux appareils sont reliés par un cordon multiconducteur.
Ouvrons le boîtier émetteur :
Tout l'ensemble est monté sur la plaque de façade, le tube EL84 est dans un blindage, à droite le mécanisme "codeur" entrainé par un moteur.
Les composants utilisés et la fabrication sont superbes, l'ensemble est tropicalisé pour pouvoir fonctionner sous des températures extrêmes.
Une vue sur le "codeur" :
La composition du signal d'alerte est la suivante :
Il est constitué par la répétition d'un indicatif de 3 lettres (ces lettres sont inscrites sur la façade du boîtier : ici OKP). La vitesse de manipulation est voisine de 600 car/mn, elle dure approximativement 2 minutes et reprends après 7 minutes de silence.
Pendant les 2 minutes d'émission, l'indicatif est répété de 8 à 10 fois, de plus en début d'émission ainsi qu'après 1 minute environ d'émission, le signal comporte un trait continu d'une douzaine de secondes.
L'alimentation du système est fournie par le boîtier piles :
Les piles nécessaires au fonctionnement :
2 piles 1,5 V type GT1 ou BA30
2 piles 6 V type R2545 ou BA210
4 piles 90 V type R5908
Sur le devant un bornier permet de brancher des piles extérieures au boitier, les tensions nécessaires au fonctionnement sont :
1,5 V 6 V 180 V 360 V
Toutes ces tensions sont présentes dans la prise du cordon de liaison.
Elles se répartissent de la manière suivante :
2 piles 1,5 V en // pour le chauffage de la 3A5 (220 mA)
2 piles de 6 V en // pour le chauffage de l'EL84 (750 mA)
4 piles de 90 V en série : 360v pour l'alimentation HT de l'EL84 (35 mA) et prise à 180 V pour l'alimentation HT de la 3A5 (35 mA).
Voici leur montage dans le boîtier :
Fonctionnement :
Le schéma de l'appareil
Le tube V1 (EL84) fonctionne en oscillateur de puissance piloté par quartz placé dans sa grille.
Dans la cathode, une self de choc L3 shuntée par la capacité C11 donne une tension de réaction qui permet d'obtenir une oscillation un peu plus vigoureuse et par conséquent un peu plus de puissance.
R5 est une résistance de polarisation. La plaque est alimentée en parallèle à travers la self de choc L2.
C7 est une capacité de liaison. Le circuit plaque est constitué par le circuit oscillant C6 – L1. La self L1 comporte un certain nombre de prises parmi lesquelles on choisit au moyen de S1 celle qui donne la meilleure adaptation de l'antenne utilisée.
Pour cette adaptation, en appuyant sur le bouton "TEST" on met en série avec l'antenne l'ampoule 6,3 V 100 mA du voyant lumineux I 101. En agissant sur S1 et C6 on cherche le maximum d'éclat de I 101. L'antenne est alors adaptée, on relâche le bouton "TEST" et I 101 se trouve court-circuité.
Suivant la longueur d'antenne employée, l'éclat maximum de I 101 sera plus ou moins important !
Le tube V2 (3A5) fonctionne en oscillateur BF (50 à 60 Hz). Il fournit la puissance nécessaire au moteur asynchrone entraînant les cames de manipulation automatique :
C'est une double triode 3A5 montée en oscillateur push-pull. le circuit oscillant est constitué par C5 et par le bobinage L4 du moteur asynchrone.
La fréquence d'oscillation est voisine de 50 Hz.
Le moteur entraine le premier réducteur Re1 dont l'axe de sortie à une vitesse voisine de 5 Tr/mn.
Cet axe porte la came sur laquelle est inscrit l'indicatif de 3 lettres.
La came 1 actionne le microcontact S4. Le réducteur Re1 entraine un deuxième réducteur Re2 qui porte la came 2. Cette came fait un tour en 10mn environ, actionne d'une part le microcontact S5, d'autre part le microcontact S6.
S5 est actionné de façon à produire les deux traits continus d'une douzaine de secondes que comporte le signal d'alerte ; il est en // sur S4 et son action masque celle de S4.
Le microcontact S6 est mis en série avec S4 et S5 : c'est son action qui règle la durée de l'émission.
Sur les positions "Réglages" et "Alerte manuelle" de S2 les filaments de V2 ne sont pas chauffés : le moteur asynchrone est arrêté.
La mise en route se fait par l'interrupteur placé sur le boitier alimentation, l'émetteur étant en position "auto" la transmission va démarrer aussitôt suivant la séquence décrite plus haut.
Compléments :
Voici quelques documentations complémentaires issues de la revue "Le Haut-Parleur" et transmis par des amis de Radiofil:
J'espère que la description de cet ensemble "hors d'age" vous aura intéressé !
Pour ma part je l'ai vendu à un collectionneur !
Date de dernière mise à jour : 12/08/2024
Commentaires
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- 1. Jérôme FERRI Le 27/04/2019
(Amélioration du texte précédent)
Bonjour,
Ravi d'avoir retrouvé ce matériel qui aura peu servi du fait des accords d'Evian. Une grande quantité s'est de ce fait retrouvée neuve et sans emploi. Pour mémoire, il avait été conçu par M. Tétard sur le principe des émetteurs clandestins de la Résistance. L'Electronique Appliquée avait été fondée à la Libération et était animée par un petit groupe d'anciens radios clandestins.
On pouvait encore se procurer toutes les piles nécessaires à l'alimentation de l'émetteur à la fin des années 1970.
Le récepteur radio était un châssis HF A.M.E. . L'ensemble fonctionnait un peu comme un appareil ''Auto-Alarme'' de la veille télégraphique maritime en 500 kHz, en plus simplifié. La réception d'un signal faisait retentir une sonnerie d'alerte. Le message s'inscrivait sur une bande de papier identique à celles en usage dans l'administration des PTT pour l'impression des télégrammes genre ''petit bleu''. C'est un ondulateur Hell allemand qui assurait ce rôle d'impression. En cas de coupure du secteur, une commutatrice montée sur une grosse batterie de camion démarrait. Aucun dispositif de charge automatique n'était prévu, il fallait y veiller.
Heureuse époque encore si simple et si poétique où l'ingéniosité suppléait à des moyens perfectionnés encore inexistants! Il manque pourtant quelque chose de regrettable à votre excellent reportage: l'odeur des vernis phénoliques de tropicalisation qui embaumait à l'ouverture des coffrets. On ne sait toujours pas synthétiser ni numériser une odeur. Avis aux inventeurs.
Bien à vous,
JF
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